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"Six pieds sur Terre"

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18 septembre 2011

EXPO-PHOTOS : ESPRIT BONZE du 20/09 au 10/11/2011

IMG_3666_bonze_lumi_re_BDJusqu'au 10 novembre 2011, l'office de Tourisme de Saint-Gaudens (31) accueille dans sa galerie photo, l'expo "Esprit Bonze".

Vernissage le jeudi 6 octobre 2011 à 18h.

Vous êtes les bienvenus.

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23 février 2009

Birmanie : le combat des Moustache Brothers contre la junte militaire

Alors que le peuple birman subit une répression totale depuis des décennies, que les prisons sont pleines de disparus, que le simple fait de parler à un étranger peut avoir de graves conséquences pour celui qui s'y risque... une troupe de théâtre burlesque continue de sévir à Mandalay au nord de la Birmanie. Les Moustache Brothers manie les mots comme d'autres manient les armes pour dénoncer un régime militaire qui sème la terreur dans tout le pays. Des mots qui leur ont valu la prison, la torture et l'interdiction de monter sur les planches. PAR_PAR_LAY_blog Le conducteur de trickshaw s'engage dans les ruelles défoncées de la ville à grands coups de pédales ! Il est bientôt 20h30 et les Moustache Brothers vont commencer leur numéro. A Mandalay, comme dans le reste du pays, les Moustache Brothers sont des héros. Des héros qui se battent avec les mots, l'humour, le burlesque pour dénoncer et ridiculiser la junte militaire au pouvoir. Des mots qui leur ont valu la prison, la torture et l'interdiction d'exercer leur métier en toute liberté. Si en Birmanie, le peuple a pris l'habitude de se taire devant les questions dérangeantes des étrangers, à Mandalay, c'est avec plaisir que les conducteurs de trickshaws, ces drôles de vélos équipés d'un siège sur le côté façon side-car, conduisent les spectateurs avertis chez les Moustache Brothers. Mais étonnamment, la rue qui mène à leur modeste maison est, comme par hasard, bloquée pour cause de travaux inexistants. Peu importe ! Le conducteur descend de son vélo qu'il soulève pour contourner les barricades. Ici, pas d'éclairage, de toute façon, "seuls ceux qui paient le gouvernement ont droit à l'électricité", osent lâcher certains Birmans. Les autres doivent se contenter au mieux d'un groupe électrogène, au pire de rien du tout. Une fois les obstacles franchis, une faible lueur troue l'obscurité de la rue. Un homme attend devant l'entrée et pousse les visiteurs qui sont comme aspirés à l'intérieur de la minuscule pièce sombre où est alignée une dizaine de chaises en plastique blanc. Le portrait d'Aung San Suu Kyi Face à l'entrée, une grande photographie annonce la couleur. C'est un portrait d'Aung San Suu Kyi, la dirigeante de l'opposition à la dictature militaire, qui est toujours assignée à résidence, malgré des élections qui avaient donné vainqueur son parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND). AUNG_blog Face au public, un mur est recouvert de marionnettes traditionnelles et d'étranges pancartes en bois sur lesquelles s'étalent en anglais les mots "drogues, opium, Chine, corruption, KGB, police, prostitution, sida, trafic, héroïne..." Les Moustache Brothers entrent en scène rapidement. Par Par Lay et son frère Lu Maw et enfin Lu Zaw, le cousin qui fabrique aussi des marionnettes pour aider la famille à survivre. "Ici, il faut avoir plusieurs emplois pour s'en sortir", explique la troupe. Dans un anglais parfait avec une intonation ironique, Lu Maw présente son grand frère, Par Par Lay qui arpente la petite scène avec des chaînes au poignets et une pancarte : "Par Par Lay / arrêté le 25 septembre 2007". Les Moustache Brothers, c'est l'histoire de trois comédiens qui n'ont jamais mâché leurs mots. Célèbre dans tout le pays, la troupe a joué dans toutes les villes, se moquant du gouvernement avec audace et affichant clairement son soutien à Aung San Suu Kyi. "Je me souviens d'elle le soir où elle est venue ici nous voir jouer, entre deux assignations à résidence... Elle était assise sur cette chaise! Vous avez de la chance, Madame ! C'est la meilleure place !", lance en riant Lu Maw à une spectatrice. LU_MAW_2_blog Après la révolte de l'été 1988 pour la Démocratie qu'ils ont largement encouragée, les Moustache Brothers ont définitivement été inscrits sur la fameuse liste noire. Un an plus tard, un mot de trop en faveur de la LND vaudra 6 mois de prison à Par Par Lay. Mais en 1996, la junte militaire ne supporte plus l'insolence du comédien et le condamne à 7 ans de travaux forcés. Ici, la réduction de peine n'existe pas et Par Par Lay n'est pas du genre à avaler sa langue. Il accomplira sa peine jusqu'au bout. Le 25 septembre 2007, il est de nouveau arrêté puis relâché. Aujourd'hui, la troupe n'a plus le droit de jouer en public, d'être sollicitée et donc payée pour animer des fêtes. Elle est condamnée à exercer son talent dans sa propre maison au rythme du ronron des groupes électrogènes du quartier ou à la bougie. Deux célèbres guides de voyage donnent cette information. C'est une assurance vie pour les Moustache Brothers qui peuvent ainsi monter sur scène pour une poignée de spectateurs. Ils n'ont de cesse que de tourner en ridicule ce régime militaire qui les baillonne. Ils dépeignent une société birmane salie par la corruption, les trafics de drogue, la prostitution et le sida. Ils racontent l'histoire d'un peuple qui s'est fait voler ses traditions ancestrales et sa liberté. "Un jour, j'avais mal aux dents, raconte Lu Maw. Je ne peux pas aller chez un dentiste ici. Alors, un ami m'a dit : va en Thaïlande te faire soigner ! Mais je lui ai répondu que je ne pouvais pas car je n'ai pas le droit d'ouvrir la bouche..." "Yeahhhh" comme dit toujours Lu Maw à chaque fin de phrase. Marie-Pierre Buttigieg Demande refusée Ce texte est écrit à la main en plusieurs langues et est distribué par la troupe avant le début du spectacle. "Dans une troupe de comédiens, le gouvernement sait qui est sur "liste noire". Si l'un des membres l'est, l'autorisation sera refusée pour la troupe entière. Si vous demandez une autorisation pour "louer" une troupe pour une fête, vous devez noter la date, l'heure et le lieu. Pour toute représentation publique, vous devez demander l'autorisation au gouvernement. Ce dernier la refusera pour les Moustache Brothers. Les salles ne peuvent pas accueillir une troupe sans autorisation officielle. Si vous demandez les Moustache Brothers, votre demande sera refusée".
20 février 2009

Les oubliés des bidonvilles de Jaipur

Favoriser l’accès aux soins des femmes et des enfants des bidonvilles de Jaipur est le but de cette première mission en Inde portée par la délégation Midi-Pyrénées de Médecins du Monde. IMG_2568_WELCOME_blogSous d’immenses piliers de béton qui longent la voie ferrée de la gare de Jaipur, une petite forme gît sous des couvertures. Un enfant se blottit contre le corps tiède de sa mère mais l’arrivée fracassante d’un train réveille la petite famille. Tiens une fillette pointe aussi le bout de son nez... Tout autour, c’est l’effervescence d’une grande ville. Un ballet incessant de bus, de voitures, de rick-shaws, de motos, soulevant la poussière et remuant les odeurs nauséabondes des déchets qui jonchent le sol. Nasila, 20 ans, est bien trop fatiguée aujourd’hui pour aller mendier. Elle va bientôt accoucher de son troisième enfant alors que son compagnon vient de la quitter. Elle n’a d’autre abri que le bidonville. “Depuis quelques jours, je ne me sens pas très bien. Je ne peux plus aller mendier avec les enfants. J’ai des amis ici qui partagent leur nourriture avec nous”, raconte Nasila, le ventre plus que rond. “Heureusement, il y a le travailleur social qui vient souvent me voir. Cela m’aide beaucoup”. Depuis mars 2007, la délégation Midi-Pyrénées de Médecins du Monde a ouvert une mission de santé materno-infantile dans 8 bidonvilles de Jaipur, en partenariat avec l’association indienne JKSMS. “Nous travaillons depuis 1983 auprès de ces populations dans l’éducation. Nous avons créé des classes pour les enfants avec un enseignant. Mais nous avons constaté d’autres problèmes tels que la santé des enfants et des femmes enceintes. C’est pour cela que nous avons sollicité MDM”, explique Umesh Sharma, coordinateur JKSMS du programme de santé reproductive. IMG_3416_FAMILLE_blog Paradoxalement, l’Inde dispose d’une offre de soins importante qui reste malheureusement inaccessible aux habitants des bidonvilles. “Les structures de soins existent mais les gens des bidonvilles ont peur d’y aller. La majorité est illettrée et n’accède pas à l’information. Ce sont des castes dites “inférieures” qui sont rejetées, stigmatisées. La situation des femmes est encore plus difficile. Elles travaillent et laissent les enfants seuls la journée, elles doivent s’occuper de la famille. Elles passent après tout le monde que ce soit pour la nourriture ou les soins. La santé n’est pas une priorité et jusqu’à 5 ans, les enfants sont négligés. Le premier souci est de survivre donc de travailler et manger ”, expliquent Maya Laporte et Isabelle Haizelin, les coresponsables de la mission qui rappellent que près de 90% des accouchements se font à domicile avec au mieux une sage femme traditionnelle peu formée. Un enfant sur 12 meurt avant 1 an La_ch_vre_et_l_enfant_blogAu Rajasthan, un des états les plus pauvres de l’Inde, la mortalité maternelle à l’accouchement est l’une des plus élevées au monde avec un taux de 5,5 pour mille et un enfant sur 12 meurt avant 1 an. “Nous avons commencé la mission par une enquête auprès des habitants des bidonvilles pour connaître leurs besoins et leurs connaissances du système de santé. Cela nous a permis de créer un premier lien. Nous avons donc formé 7 travailleurs sociaux indiens via JKSMS, qui interviennent dans les bidonvilles. L’objectif est de sensibiliser la communauté à la santé, d’améliorer leur connaissance sur les structures de soins existantes, de motiver les femmes à utiliser ces services. Les travailleurs sociaux accompagnent les femmes et les enfants vers les hôpitaux. Ils les informent. Ils ont également sensibilisé le personnel soignant à la réalité de cette population”, précise Gabriele Krüger, la coordinatrice générale de MDM à Jaipur. Aujourd’hui, les travailleurs sociaux sont régulièrement sollicités par les femmes qui ont accepté de prendre le chemin des services de santé. “Je les ai encouragées à y aller. Je les accompagne et elles acceptent mon aide. Ensemble, nous allons au dispensaire pour la vaccination ou à l’hôpital pour le suivi des grossesses. C’est un bon début mais il y a encore d’autres problèmes, comme la toxicomanie, qui frappent les bidonvilles”, conclut Guddi Bisht, une des travailleuses sociales de JKSMS. Marie-Pierre Buttigieg
26 novembre 2008

PHILIPPINES : Palawan l'insolite

Une épaisse fumée blanche s'échappe du moteur... Le bus est en train de rendre l'âme. Personne ne semble vraiment inquiet. Le conducteur a tout stoppé pendant que les quatre jeunes qui l'assistent, courent chercher de l'eau à la rivière. Le véhicule est surchargé. Les passagers en profitent pour casser la croûte et sortir les animaux... Une bonne dizaine de coqs claironnent à chaque pause. La plume luisante, ils partent pour la capitale participer aux traditionnels combats. En plein milieu de l'allée centrale, les ballots de poissons crus ou séchés commencent à cocoter. Il faut les escalader pour se dégourdir les jambes à l'extérieur, dans la boue. La route est une piste. Un chemin de terre défoncé qui traverse la forêt. Bienvenue sur l'île de Palawan... Située au sud de Manille aux Philippines, l'île de Palawan s'étire sur 400 kilomètres de long pour seulement 40 kilomètres de large. Elle ressemble à une banane géante qui ne demande qu'à être épluchée pour dévoiler ses plus beaux trésors naturels. Partagée entre forêt vierge, montagnes et plages de sable blanc, Palawan est une réserve naturelle, vivante et préservée. Une terre encore sauvage et formée en majeure partie d'un massif montagneux qui culmine à près de 2 100 mètres. Avec une seule route goudronnée d'environ 500 bornes qui relie Puerto-Princesa, la capitale, au sud, Palawan commence à s'ouvrir au tourisme. Les transports y sont rudimentaires. Il faudra compter entre six et neuf heures pour parcourir une centaine de kilomètres sur une piste traversant la forêt à bord d'un bus public surchargé et datant de la guerre. Les crevaisons s'enchaînent, le véhicule s'embourbe jusqu'aux roues. Alors, terminus, tout le monde descend pour...pousser. Pendant la saison des pluies, c'est le déluge. Les ponts s'effondrent comme des châteaux de cartes et les chemins creusés d'ornières profondes deviennent quasiment impraticables. L'accès à certains sites merveilleux n'est donc pas toujours possible... Des espèces endémiques Ce côté sauvage, de terre oubliée, est le charme même de l'île. Les villages sont dispersés un peu partout dans la nature. Palawan séduit. Elle séduit tous les amoureux de la nature. C'est presque un monde perdu où l'on s'attend à chaque instant, à voir surgir de nulle part, un troupeau de dinosaures. L'île possède une flore et une faune rarissimes et des fonds marins d'une beauté exceptionnelle. Une grande partie du territoire est recouvert d'une végétation dense et luxuriante. La forêt vierge. Impénétrable. C'est ici qu'évolue une grande variété d'espèces endémiques. Au coeur de l'épais tapis végétal cohabitent le bear-cat (une sorte de chat sauvage ressemblant à une fouine à poils drus), le faisan-paon, l'aigle mangeur de singes, la mangouste, le calao, le fourmilier, le porc-épic, l'écureuil volant et une quantité de papillons géants aussi colorés les uns que les autres. Pendant longtemps, Palawan abritait des crocodiles mesurant jusqu'à 6 mètres de long. Aujourd'hui, ces charmantes bêtes aux canines acérées sont en voie d'extinction. Une ferme se charge de leur protection et de leur reproduction. En pleine jungle toute sorte d'animaux pululent, comme les serpents et le célèbre Cobra royal... Une prison dans la jungle C'est sans doute en raison de son caractère sauvage que Palawan a été aussi choisie pour recevoir des prisonniers... A une trentaine de minutes de Puerto-Princesa, des petites huttes en paille de riz tiennent encore debout. Il y en a un peu partout. Au bord des rivières, au milieu des rizières ou sur des plages désertes. Et aussi insolite que cela puisse paraître, c'est une prison. Une prison sans mur, sans barreaux. Sur une île. Comme Alcatraz. Les prisonniers d'Iwahig Roberto, Voltaire et les autres s'activent autour d'un iguane qu'ils viennent de capturer en lisière de forêt. Dans quelques semaines, engraissé, il passera à la casserole. Ces jeunes Philippins qui n'ont pas plus de 35 ans sont ici pour purger leur peine. Pour la plupart, ce sont d'anciens dealers ou toxicomanes. Une faible minorité seulement a été condamnée pour homicide. C'est en novembre 1902 que l'Iwahig Penal Colony a reçu ses premiers locataires... Créée par les Américains, cette ferme pénale avait pour but d'incarcérer les lépreux et les Philippins qui s'étaient battus contre la colonisation américaine. Bref, les indésirables. Parmi les institutions pénitentiaires, Iwahig est unique en son genre. Les prisonniers ne sont pas enfermés et peuvent circuler librement. Ils sont installés dans des dortoirs ou des cahutes et travaillent dans un des projets agricoles de la ferme. Certains cultivent le riz. D'autres pêchent ou élèvent des cochons et des poulets. D'autres encore fabriquent des souvenirs qu'ils revendent aux touristes. Car cette étrange prison est ouverte à tous les visiteurs à condition de se présenter au poste de garde. L'argent qu'ils perçoivent de ces ventes met un peu de beurre dans les épinards. Cela leur permet d'acheter des timbres pour écrire à la famille restée à Manille ou pour des cigarettes. Dans certains cas, le détenu a la possibilité de vivre son incarcération avec sa femme et ses enfants. Les conditions de vie sont très dures. La prison n'a pas de budget suffisant et les prisonniers doivent se débrouiller. Les gardiens sont peu présents, sauf dans les zones de moyenne et haute sécurité où ils surveillent plus sérieusement les prisonniers incarcérés pour homicide. En fin de journée, ils sont tenus de compter tous les prisonniers. Pour seule distinction, les détenus portent un bout de tissu orange accroché à leur tee-shirt. Au quartier général, un hopital, une salle de jeux et même un terrain de tennis ont été aménagés. Seuls les gardiens ont y accés car les détenus n'ont pas les moyens de payer. Cette prison reste une bonne affaire pour l'Etat. Pas d'électricité, pas d'eau courante et peu de matons, les frais sont minimes. Les Palawanais ne rejettent en aucun cas cette colonie. Nombreux sont ceux qui viennent passer leur dimanche en famille au bord de la rivière aux côtés des détenus. Ils leur apportent des vêtements ou de la nourriture. Quant à parler d'évasion! Personne ne s'y est risqué. Les prisonniers sont entourés de montagnes, d'eau et de forêt vierge. Si l'un d'eux tentait quoi que ce soit dans la jungle, il sucomberait rapidement à la malaria ou se retrouverait confronter au danger des bêtes sauvages... Sans argent, ils ne peuvent quitter l'île ni par voie fluviale, ni par voie aérienne. Palawan est bien étrange. Marie-Pierre Buttigieg
7 février 2008

Maroc : victimes des années de plomb

Pendant plus de 30 ans, des Marocains ont été emprisonnés et torturés sous le régime d'Hassan II. MdM soutient les survivants de ces années de plomb. famille_el_manouzi_blog“Je m'occupe d'un homme qui a passé 10 ans en prison. Il a été torturé. Il a la tuberculose et personne ne le prend en charge. Il n’a pas de famille. On l’a conduit dans un hôpital psychiatrique mais ce n'est pas sa place. Rien n’est fait pour que ces personnes aient accès aux soins. Beaucoup se sont retrouvées à la rue sans rien après leur libération ou dans des taudis sans eau ni électricité, avec de graves troubles psychologiques”, explique Rabia El Bouih, assistante sociale au centre d'accueil et d'orientation de l’Association médicale de réhabilitation des victimes de la torture (AMRVT) à Casablanca. En 1991, Hassan II, roi du Maroc, ouvre les bagnes du pays après plusieurs décennies de répression. Près de 50 000 personnes sont libérées mais toutes sont brisées par des années de torture. "Les détenus arrivaient tout juste à marcher. Certains avaient été emprisonnés à 20 ans et ressortaient à 40. Les agents de l'Etat avaient carte blanche pour torturer", explique Jean Beckouche, responsable de mission MdM. En 2005 naissance du partenariat entre l'AMRVT et Médecins du Monde. "L'objectif était de faire connaître notre association et nos revendications auprès des organisations internationales mais aussi d'obtenir un soutien financier de MdM et de bénéficier de son expérience en matière d'aide aux victimes de torture", explique le président de l'AMRVT, le Dr El Manouzi. Depuis 2001, l'association marocaine a un centre d'accueil et d'orientation à Casablanca destiné à palier l'absence de prise en charge médicale et psychique des victimes de la torture et de la détention arbitraire, comme en témoigne Saïd, apprenti bijoutier arrêté à tort en 1981 : « Libéré en 1991, l’association m’a soutenu médicalement et prend en charge depuis 4 mois mon suivi psychologique. Sans ça, je ne pourrais pas me soigner car je n'arrive plus à travailler. Ma vie est un enfer. " Depuis 2003, l'Etat a reconnu sa responsabilité. Le nouveau roi, Mohammed VI, a mis en place des auditions publiques de victimes dans le cadre de l'Instance Equité Réconciliation. Un accord pour une couverture médicale a également été signé cet été. Ce dispositif est applicable depuis septembre. "Il faut attendre. Certains survivants ont été indemnisés mais pas tous. Et beaucoup ne peuvent supporter les frais des traitements médicaux et psychothérapeutiques", précise le Dr Ben Houssa El Mostafa, psychiatre de l'association. MDM n'a pas envoyé d'expatriés au Maroc mais des experts. Plusieurs séminaires de formation ont ainsi été organisés entre 2006 et 2007. " MdM, des professionnels de la santé des hôpitaux publics et des membres des associations marocaines des droits de l'homme ont conjointement participé à la formation des soignants du centre. Cela nous a permis de renforcer notre réseau. Nous avons appris à aider au mieux les victimes, à les écouter, à les recevoir", explique le directeur du centre, Moustafa Louzi. L’indispensable soutien psychologique Le centre d'accueil de Casablanca est le seul lieu où les victimes peuvent trouver un soutien psychologique et médical gratuit. "La plupart des membres de l'ARMVT ont un lien avec ces années de plomb. Certains ont été arrêtés, torturés, d'autres ont un membre de leur famille concerné. Cela aide pour entrer en contact avec ces patients qui souffrent essentiellement de troubles psychiatriques, digestifs, de problèmes de vue, de maladies pulmonaires ou rhumatismales", souligne le Dr Abdelfattah Marzouk qui a connu la détention. Plus d'une dizaine de personnes est accueillie chaque jour dans ce centre et plus d'un tiers d'entre elles fréquente l'unité psychiatrique initiée fin 2006 ainsi que l'unité de kinésithérapie créée en 2007. "Nous suivons 66 patients en psychiatrie. Ces personnes ont été séquestrées, torturées dans des lieux secrets, les yeux bandés. Le but était de leur faire perdre tous leurs repères. Le traumatisme lié à la torture est important avec, en plus, une rupture familiale et sociale. La personne a perdu son travail, ses ressources. Les bâtiments de l'administration symbolisent l'Etat et donc la torture. Beaucoup ne veulent même pas y entrer pour des papiers. Sans oublier qu'il y a encore des tortionnaires impunis au gouvernement...", raconte le Dr Ben Houssa El Mostafa. "Ces phobies vis-à-vis de l'administration sont frappantes. Nous assurons beaucoup de psychothérapies individuelles mais aussi de couples car souvent le dialogue est rompu et la victime sombre dans la dépression", ajoute Hakima Douchy, psychologue du centre. Marie-Pierre Buttigieg
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6 février 2008

Maroc : victimes des années de plomb

fils_disparu_blog Quarante ans avant de retrouver le corps de son fils Fatima, 74 ans, a attendu plus de 40 ans avant de récupérer le corps de son petit garçon de 11 ans abattu en pleine rue par des militaires pendant une grève réprimée avec violence. Il faut grimper un escalier bien raide dans un petit immeuble de la casbah pour atteindre l’appartement de Fatima Mazioudi. Elle vit seule avec ses souvenirs et une de ses filles. Depuis la minuscule lucarne réservée aux femmes, elle jette un oeil dans la rue... “Ce jour-là, c’était un peu comme aujourd’hui, calme. J’étais à la maison et j’attendais que mon mari rentre du travail. Ahmed a lui aussi regardé par la fenêtre, il a vu que le magasin d’en bas était ouvert alors il est sorti. Je le revois encore, il voulait en profiter pour voir si l’école serait ouverte le lendemain”, se souvient Fatima Mazioudi. Malgré les quarante années qui se sont écoulées, elle n’a rien oublié de ce 23 mars 1965. Le jour, où son petit garçon Ahmed, âgé de 11 ans, n’a pas résisté à la tentation d’aller faire un tour chez le marchand, comme tous les gamins. En bas, quelques grévistes continuaient à manifester leur mécontentement contre le gouvernement, contre ces années de plomb où le roi du Maroc, Hassan II, menait le pays d’une main de fer. “Il y avait eu des grèves 2 jours plus tôt et là, c’était plus calme”, poursuit Fatima. “Ils avaient envoyé les tanks dans le quartier... Ce sont les voisins qui m’ont avertie. On m’a dit que mon enfant avait été blessé et que les militaires l’avaient emmené. Il avait reçu des balles et certains m’ont expliqué que l’enfant reviendrait une fois soigné. Des témoins ont dit qu’il avait été touché au ventre. Mais ceux qui l'ont tué ne voulaient laisser aucune trace. Mon mari l’a cherché partout jusqu’à sa mort. Il a contacté le ministère de la Justice, de la Défense. Quarante ans que j’attends qu’il me ramène mon fils”. Le 16 juin 2006, après des années de recherches, Fatima Mazioudi reçoit une étrange nouvelle. “C’est le CCDH (Conseil Consultatif des Droits de l'Homme) à qui j’avais fait une demande pour récupérer le corps de mon fils qui m’a téléphoné. Il avait été retrouvé. Mon fils n’a jamais été déclaré mort mais seulement disparu. Et pourtant, il avait été enterré. Je suis même allée sur sa tombe. Depuis je ne dors plus. J’espérais tellement le retouver vivant”.
27 janvier 2008

Maroc : victimes des années de plomb

“On n’a pas vu le soleil pendant 18 ans” Compagnons de cellule... Abdalah et Mohammed ont été détenus pendant 18 ans dans la prison secrète de Tazmamart. Ils ont aujourd'hui 61 ans. 18_ans_sans_voir_le_jour_blog"A l'extérieur, tout le monde savait que ce bagne existait mais personne ne savait ce qui se passait à l'intérieur", raconte Abdalah. "Nous étions 58 répartis sur 2 bâtiments", continue Mohammed. "Une trentaine sont morts là-bas. Il y a eu 28 survivants ou plutôt morts vivants. A notre libération, il a fallu réapprendre à vivre, à marcher, à parler". Abdalah et Mohammed ont été détenus pendant 18 ans dans l’une des pires prisons secrètes du Maroc à Tazmamart. Cellule n°5 pour l'un et n°12 pour l'autre. Tous deux s'étaient engagés dans l'armée de l'air. Ils travaillaient dans la même caserne jusqu'au mois d'août 1972 où ils ont été arrêtés après le second coup d'état manqué contre l'avion royal d'Hassan II. "Les véritables coupables nous ont disculpés devant le tribunal car nous n'avions rien fait. Mais le roi avait donné des ordres car c'était des militaires qui avaient tenté cet attentat et il voulait donner l'exemple du châtiment. Nous avons été condamnés à 20 ans et là, le temps s'est arrêté", expliquent les deux compagnons. Après des séances de torture, ils sont transférés à la prison de Tazmamart où ils passeront 18 ans. Dix huit longues années de mauvais traitements dans une cellule de 2 mètres sur 3 posée sur une dalle de béton. "Un broc. Une assiette. Deux vieilles couvertures. Pas de matelas. Pas de douche. Pas de savon. Pas de médicaments", énumère Abdalah le regard perdu. "On n'avait pas le droit de sortir. Je n'ai pas vu le soleil pendant 18 ans", ajoute-t-il en regardant Mohammed qui répond aussitôt : "je ne me suis pas lavé les cheveux pendant 7 ans, je crois. Un jour, je suis tombé sur un bout de fer alors j'ai pu les couper. Au fil des mois, les gardiens entraient dans les cellules avec des feuilles de menthe dans les narines, tellement ça sentait mauvais. En hiver, quand il neigeait ma cellule était inondée, je passais parfois 48 heures debout". Les jours, puis les mois, puis les années se sont enchaînés. Les gardiens se contentaient de nourrir, c'est un grand mot, les prisonniers qui mouraient à petit feu. "C'était ça leur torture : nous laisser mourir tout doucement. Leur seule consigne était de nous tenir enfermés. Un jour, au début, un détenu est tombé malade. On s'est dit que les gardiens n'allaient pas le laisser comme ça mais quand il est mort, on a compris. On tapait de toutes nos forces contre les murs. Le directeur est arrivé et nous a dit que ce n'était pas le premier. Des détenus ont dû rouler le corps dans une couverture et ils l'ont enterré eux-mêmes dans la coure qui était devenue un cimetière. Le directeur était un alcoolique, sadique. Il se réjouissait de nous voir ainsi. Il a demandé à ne pas être informé si un détenu était malade. Et quand ce dernier mourait, les gardiens avaient ordre de dire que "la bouteille de coca était cassée et qu'il fallait jeter les débris". C'était un code pour qu'on ne sache rien mais on a vite compris". Puis un beau jour, 18 ans plus tard, la prison de Tazmamart a libéré ses détenus. Des "zombies" diront certains, ont franchi la porte, les mains dans le dos menottées, les yeux bandés, une djellaba sur le dos. Et le transfert a commencé. "Les choses ont commencé à bouger dans les années 90 avec la sortie du livre de Gilles Perrault "Notre ami le Roi". On nous a rendus à nos familles comme ça. J'avais peur de l'avenir, de la vérité. Je ne savais pas si ma mère était vivante. J'ai des problèmes de vue, des bronchites", raconte Mohammed. "Moi j'avais beaucoup d'espoir mais je me suis rendu compte qu'on nous avait oubliés, abandonnés. Aujourd'hui, on n'a aucun droit, pas de retraite. A notre âge, on ne peut plus travailler. On a beaucoup souffert moralement. Je me rappelle que je ne dormais pas, je faisais des crises de nerf... C'est difficile de s'intégrer dans la société. Il n'y a que les associations qui nous apportent un peu de calme, de sérénité".
27 janvier 2008

Maroc : témoignage

Maroc - Victime des années de plombfouzia_blog Fouzia : “10 ans dans la clandestinité” Brillante étudiante, Fouzia avait tout pour réussir. Issue d’une famille de résistants, elle a dû vivre cacher pendant 10 ans. “Je voulais que le Maroc change. Je ne regrette pas mon engagement mais j’ai gaspillé 10 ans de ma vie. Nous, les clandestins et les détenus, on ne méritait pas ça : 10 à 15 ans de détention pour les uns, l’exil pour les autres ou la clandestinité...”, raconte Fouzia, aujourd’hui âgée de 54 ans. Brillante étudiante, elle est issue d’une famille de résistants. Le père, le frère, l’oncle, le beau-frère, tous avaient des activités qui ne plaisaient guère à Hassan II. “J’étais régulièrement invitée au commissariat”, se souvient Fouzia qui était très liée, elle aussi, à la gauche marocaine par l’intermédiaire de son mari. “Je faisais partie du syndicat des élèves. On organisait beaucoup de grèves. Une de mes camarades a été violée un jour et je l’ai cachée. J’appartenais aussi au Mouvement marxiste-léniniste du 23 mars”. En décembre 1974, le mari de Fouzia est arrêté. C’est l’année où la jeune femme prépare son bac mais elle est surveillée. Elle n’a aucune nouvelle de lui. “Ce n’est qu’au bout de 6 mois que j’ai su qu’il avait été détenu et torturé au Commissariat de Derb Moulay Cherif à Casablanca avant d’être transféré dans une prison civile. Là, j’ai pu le revoir. Je lui apportais régulièrement de la nourriture. Un jour, un de ses amis m’a demandé de faire entrer une lettre sur le Sahara dans la prison. Je l’ai dissimulée dans de la nourriture mais les gardiens l’ont découverte. J’ai dû m’enfuir. Un membre du mouvement m’a trouvé une planque mais je ne voulais pas vivre ici. J’ai essayé de mourir en buvant du détergeant. J’ai appris que ma mère avait été interrogée et que la bonne avait été violée devant elle. Un avis de recherche avait été lancé”. La vie de Fouzia a basculé dans la clandestinité. Pendant plus de 10 ans, elle va changer de “planque”, de coiffure, elle va devenir la "sœur" d’un compagnon avec qui elle partagera 7 ans de clandestinité. “Pendant toutes ces années, je n’ai vu ma mère que 4 fois. Elle était suivie. Les avis de recherche existaient toujours mais la tension se relâchait. J’ai poursuivi mes activités pour une organisation féminine démocratique et indépendante des partis. Je me suis engagée pour le cinéma, l’alphabétisation des femmes marocaines”, poursuit Fouzia. Ce n’est qu’à la libération de son mari en 1983 que la jeune femme peut revenir chez elle. Là, elle découvre que son mari veut divorcer et que sa vie doit repartir à zéro. “J’ai repassé mon bac et je l’ai eu cette fois ! J’ai voulu partir étudier en France mais le gouvernement marocain m’interdisait de quitter le pays et d’avoir un passeport pour des raisons politiques bien sûr. J’ai quand même fait une licence d’histoire-géographie que j’ai eue avec mention”. Mais pendant 12 ans, cette femme brillante va devoir tout abandonner pour s’occuper de sa mère devenue hémiplégique. “Ma famille m’a fait plus de mal que l’Etat. Ils ne m’ont pas aidée, ils m’en voulaient et m’ont laissée m’occuper seule de ma mère. Je voulais refaire ma vie mais je n’ai pas pu. J’ai beaucoup regretté de ne pas avoir d’enfants mais mon mari m’avait fait avorter au tout début pour que nous puissions nous occuper de nos actions... Le centre d’accueil m’aide beaucoup, c’est un soulagement d’être prise en charge. On peut parler entre nous de ce que l’on a vécu. Moi, j’ai été victime d’une torture psychologique : interdiction de voyager, d’étudier. Je suis devenue clandestine à 18 ans et il y avait peu de femmes dans cette situation. Mais cela a duré trop longtemps”.
27 janvier 2008

Maroc : témoignage

Témoignage / Victime de la torture sous les années de plombMbarek_blog “C’est à l’Etat de prendre en charge les victimes” Afekouh avait 13 ans lorsqu’il a été détenu avec sa mère et ses frères et sœurs pendant 1 an. “Mon père était fonctionnaire au Palais Royal de Fez. C’était un ancien résistant, il faisait partie de l’UNFP. Le 12 mars 1973 vers 17h, les hommes du général Dlimi l’ont kidnappé. Vers minuit, 5 personnes sont venues chercher ma mère et mes frères et sœurs. Je suis l’aîné, j’avais 13 ans, mon plus jeune frère n’avait que 1 an. On nous a conduits dans une maison. Ma mère a pu voir mon père mais elle ne l’a pas reconnu tant il avait été torturé. Nous sommes restés dans la même maison que lui pendant 15 jours sans le voir. On entendait des cris. Puis nous avons été emmenés dans une prison secrète à Casablanca. C’était des hangars. On était au moins 3 000. Il y avait de l’eau qui nous coulait dessus. Il faisait froid. Comme j’étais un enfant, on ne m’a pas bandé les yeux. J’ai pu voir leurs visages... Deux jours après, on nous a transférés dans un centre psychiatrique pour femmes où nous sommes restés 11 mois sans mon père. C’était une grande pièce sans fenêtres. On a gardé nos habits et des couvertures. Pendant près d’un an, je suis resté dans cette pièce avec ma mère, mes 6 frères et mes 2 sœurs, deux d’entre eux souffraient d’une maladie cardiaque. Nous n’avons pas eu d’école, avant on étudiait... Quand on avait mal aux dents, c’était l’arrachage. On entendait les femmes hurler. On avait droit à une douche le jeudi et on ne sortait jamais. Un gardien m’a fait sortir une fois, je me suis accroupi dans l’herbe. A l’extérieur, les gens devaient savoir qu’il y avait des enfants enfermés. Un jour, un gardien m’a porté un verre de lait et il nous a dit que notre père était condamné à 30 ans de prison. Au bout d’un an, on a finalement été libéré. On a pris le bus pour rentrer chez nous au Palais Royal mais on nous a interdit d’entrer. On est parti dormir chez une amie. On avait tout perdu. L’association a surtout aidé mon père. C’est son seul “remède”. C’est notre seul accès aux soins. J’ai reçu une indemnité de 90 000 dh de l’Etat mais c’est lui qui devrait tout prendre en charge. Aujourd’hui, je suis craintif, méfiant mais je ne pourrai jamais faire subir aux autres ce que moi j’ai subi”.
26 janvier 2008

Maroc : témoignage

Témoignage / Victime des années de plomb “Aujourd’hui, ma femme vit un enfer avec moi” Saïd a passé 10 ans dans une prison civile. Torturé, abusé, brimé, il n’arrive pas à se reconstruire. Il trouve du soutien au centre d’accueil des victimes de la torture soutenu par Médecins du Monde à Casablanca. Se_reconstruire“Je suis sorti de prison en 1991. L’association m’a soutenu médicalement. Depuis 4 mois, je suis suivi par un psychologue. Je prends un traitement très cher, c’est le centre qui prend en charge les frais. Sans ça, je ne pourrai pas me soigner. J’ai été arrêté le 21 juin 1981 au moment des émeutes dans le quartier Derb Sultan. J’étais apprenti bijoutier. C’était mon rêve... Ce jour-là, mon patron m’a dit de rentrer à la maison car la situation était très tendue. On m’a arrêté chez moi, ils ont cassé la porte pour entrer. Mais je n’avais rien fait du tout. J’avais tous mes papiers. Je m’en souviens comme si c’était hier. J’ai d’abord été torturé, on voulait que je donne des noms. Dans leur rapport, les policiers ont dit que je n’avais pas de papier, pas de travail, que j’avais participé aux émeutes et que j’avais brûlé des choses. J’ai dit au Procureur que j’étais un honnête citoyen, que j’avais un rêve et quand j’ai entendu la sentence, 10 ans de prison, ce fut un choc. Ils m’ont cruellement condamné. Je me suis retrouvé à la prison civile de Ghou Bila. C’est une prison qui ne se décrit pas... J’avais le droit d’être dans le quartier des détenus politiques mais je me suis retrouvé avec les criminels de droit commun. Ce que j’ai vécu avec eux est horrible. Je ne peux pas tout dire, ce n’est pas possible. Je me suis soumis. Je ne peux pas vous dire ce qu’ils m’ont fait mais vous comprenez ? J’ai fait une dépression nerveuse. J’ai eu la tuberculose pendant 3 ans. Cette prison, on dit que c’est le petit Maroc. C’est un autre monde. Moi, j’étais timide, réservé. Ces criminels profitent des gens de mon genre. Mes parents ont tout vendu pour me faire libérer mais rien n’a changé. Je me suis mis à étudier par correspondance. Je lisais beaucoup pour m’évader. En sortant de prison, j’étais à la recherche de moi-même. J’ai épousé la femme de mon frère qui était décédé et qui m’avait beaucoup soutenu dans ces moments et j’ai élevé son fils. J’ai eu 2 autres garçons. Mais maintenant, cela ne passe pas, ma femme vit l’enfer avec moi. C’est pour cela que je suis allé voir le centre. J’ai besoin d’aide pour m’en sortir. Je n'arrive pas à travailler”.
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